mardi 20 décembre 2016

"A ceux que j'aime, et qui savent combien vivre fatigue."


“L’espace change, l’univers se dilate, et la seule chose qui ne passe pas, c’est ce qui passe sans cesse, le temps. ”



 Il se passe quelque chose au creux de mon ventre. Je le sens, ce vortex imprudent, je le connais. Je vais recommencer, est-ce déjà trop tard? Une vie parallèle serait-elle déjà présente? Hors de question de laisser mes névroses m'attaquer encore, pas après tous ces mois de travail. Action, réaction. Je reprends du recul sur ordonnance depuis ce matin 14h48. J'ai envie de vomir. Les quinze prochains jours vont être assez horribles, le temps de l'accoutumance, je sais. Je n'ai pas le choix, mon ami l'Alprazolam m'aidera à supporter la décision.

I confess I am lost
In the age of the social
On our knees, take a test
To be lovin' and grateful

I'm a believer, it's a trial
Foolish and weaker, oh, oh, oh
I'd rather save an angel down
I'm a believer, it's chaos
Where are our leaders? Oh, oh oh
I'd rather save an angel down
Doesn't everyone belong
In the arms of the sacred
Why do we pretend we're wrong?
Has our young courage faded?

Save that angel
Hear that angel
Catch my angel




Et même la science ne sait pas, comme tu me manques parfois. Il y a tellement de choses que j'aimerais te raconter, mes afters champagne dans le bar où je bosse, ce collègue que tu adorerais, il est comme nous, avec 30 ans de plus, et ses milles astuces pour garder une santé incroyable. Le duo Pale, que j'écoute en boucle en ce moment. Je crois qu'il me faut une thérapie. Pour t'oublier, les autres aussi. Et que cette ombre claque la porte. Peut-être qu'il y a un hasard, peut-être qu'il n'y a aucun destin. Peut-être que je ne suis pas folle. Une seule chose est sûre, je me suis perdue une fois de plus. Peut-être ai-je besoin d'aide cette fois, peut-être en ai-je toujours eu besoin.






I took a chance to build a world of mine
A one-way ticket for another life
On a petrol stained sailboat

I used to dream about the other side
The sun rising on the skyline
And a beautiful rainbow
Such a beautiful rainbow


I came to break the wall that rose around you
To see the land of all
I will fall for you




15h48. Je donne un nom aux fantômes qui me hantent, à ce vortex qui me dévore de l'intérieur. Mettre un nom sur l'ennemi pour qu'il se montre, mettre un nom sur ce qui m'habite puisque ici, il  n'y a plus d'araignée, mais une nouvelle compagnie effrayante. Mettre un nom à ma haine, à mes amours indisciplinés, à mon anxiété, à ma déprime.  Alors la voilà, cette amie installée en secret entre mes entrailles, oppressante mais sublime, elle s'appelle Yulia. & ensemble nous allons nous faire suivre.



17h24. Mon corps lutte contre le seroplex, comme une grosse montée de para. J'ai rendez-vous dans quelques instants avec mon p'tit couple gémeaux-capricorne pour un repas de noël, et je suis chez moi, ni habillée ni maquillée, à voir les touches de mon clavier en double. Woaw, me voilà complétement défoncée. Bouffées de chaleur, frissons s'imprégnant de mes tempes, je ne ressens soudain plus rien. Et cette heure maudite qui tourne dans mon vide, il faut que je me reprenne. Que je sois présentable, que je tienne debout, que j'arrive à manger et à tenir une conversation.


17h48. Bon, maintenant que je ressemble à quelque chose grâce à un maquillage superbe, je vais vomir, et puis recommencer.

- Si tu voyais comme tes pupilles sont noires.
- Tais-toi, miroir satanique.



- Tu pars en chaussettes?
- Et merde.
- A tout à l'heure.
- Sans doute.


Yulia what do you see in him?
Yulia what could you want from him?
You're the same age as me
& theres nothing that i can see
No unified theory
That will convince me

Yulia what do you see in him?
Painting lions on the back of a cookie tin
Is is better to be different than to be better?

 
Yulia how can you be with him? 

& theres nothing that i can see
No unified theory
That will convince me
That you are happy





00h48, je rentre chez moi, ça ne s'invente pas. J'ai de nouveau envie de vomir, peut-être parce que j'ai bu du vin et enchaîné les ti-punchs au miel. 01h11 ne rime strictement à rien quand on est planté devant un écran, rempli d'une ivresse pas commode, tel un lampadaire, mon ampoule est fatiguée. Métaphore des plus absurdes, mais pas d'inquiétude, c'était bien dit sur la notice.

On part se bourrer la gueule l'estomac plein de médicaments en pensant rentrer avec des réponses, et il n'y a rien de plus stupide. Par contre, pour le moral, c'était tout de même pas mal. Réaliser la chance que l'on a d'avoir de pareils amis. Des anges en chair et en os. 

Si la vie nous a rendues malades Yulia, nous allons nous soigner. En attendant, si l'on choisi de rester avec ce verseau, on va tâcher d'y croire un peu, ne serait-ce qu'au cas où. Les pieds sur terre, la tête aussi, nouvel objectif improbable. 





- Alors tu fuis encore? 
- Rien ne t'échappe.
- Fracture - Cadence. 
- J'ai mal au crâne. 
- Tu ne pourras pas toujours tenir tes démons en laisse. 
- Ça vaut le coup d'essayer. Maintenant, laisse moi dormir vieille folle. 
- Tu entretiens des débats avec une voix imaginaire et c'est moi la folle? 
- Si tu es imaginaire, je peux décider de te faire taire.
- Vraiment? On peut savoir par quel miracle? 
- Xanax-somnifère.
- Tu vas vomir.
- Ça se tente. Bonne nuit, Yulia..? 
- Haha, va savoir. 






Mercredi, alors que je tenais le bar seule, un vieux sage s'est assis à mon comptoir en me disant que rien n'était plus important que la confiance que l'on devait porter en ses anges gardiens. Puis, il m'a récité ce poème en anglais, puis en français ses yeux bleus plantés dans les miens : 

Si.
 
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;

Si tu peux être amant sans être fou d’amour,
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;

Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d’un mot ;

Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frère,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;

Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur,
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n’être qu’un penseur ;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.




J'ai du taf avant d'être un homme.